jeudi 5 mai 2011

Stenay - Assemblée Générale du CSL 2011

6h 30. Un chant d'oiseau, ou quelque chose de vaguement ressemblant me tire de mon sommeil. Il s'agit de la sonnerie anachronique du réveil téléphone chargée de me dire gentiment "Mam', lève-toi, il faut être à Stenay entre 9h 30 et 10 heures !". Qu'est-ce qui peut bien conduire une Touloise à passer la journée dans le nord meusien, à Stenay ? En l'occurrence, il s'agit de l'assemblée générale du Conservatoire des Sites Lorrains dont monsieur est membre et conservateur. Pourquoi ne pas l'accompagner ?

Soleil levant, la Moselle fume de ses évanescences brumeuses que j'aime tant, qui lui vont si bien, mais que je ne parviens jamais à prendre en photo : jamais là quand il faut, ou trop pressée, ou pas d'appareil photo sous la main ! Contre-jour magique en camaïeu sépia et paillettes dorées. Il fait froid et quelques gelées tardives trainent encore sur le matin lorrain. Dans la vallée de la Meuse que nous rejoignons par la RN4, des ombres d'argent se dessinent le long des haies et les bosquets. Elles tranchent avec la teinte criarde des prairies verdoyantes. La Meuse enjôleuse si chère à mon enfance (je ne parodie pas !) et ses charmants villages sous le ciel bien bleu sont un spectacle plaisant qui aide à faire oublier que la route est longue et la vitesse réduite.

Voici Stenay. En quelque sorte, le bout du monde, pour nous, en Lorraine. Après une hésitation entre salle polyvalent et salle des fêtes, nous pénétrons dans ce qui est un ancien théâtre et où doit se tenir l'assemblée générale. Café brulant et viennoiserie, bonjour monsieur, bonjour madame… je m'éclipse bientôt discrètement.
Deux bonnes heures à tuer. Premier tour de la bourgade… second tour… c'est assez vite fait ! Dans la cité quelques endroits pas spécialement touristiques attirent mon objectif. Au paisible port occupé par deux bateaux et quelques camping-cars néerlandais, les cadets pompiers sont en plein exercice d'entrainement, tandis qu'un ou deux chiens font leur promenade matinale.
Le musée de la bière devrait m'aider à passer le temps. Un peu trop rapidement parcouru peut-être, il m'inspire inévitablement des comparaisons avec celui de Saint Nicolas de Port. La bâtisse est grandiose. A l'accueil, une dame très affable s'évertue à trouver une bonne raison de me faire bénéficier d'une réduction : visiblement, je ne peux prétendre au statut d'ancien combattant, de chômeur, d'étudiant, de handicapé, et je ne cherche pas, n'en ayant pas de preuve, à valoriser mon statut d' "ambassadeur de Lorraine". Cinq euros : ce n'est pas la ruine ! En l'absence de visite guidée, me voici encombrée d'un document explicatif peu pratique et fort usagé " - excusez l'état… ils vont être bientôt renouvelés" auquel je ne jetterai qu'un regard discret.
Je m'embarque dans le dédale fléché des salles où le parcours pédagogique est très bien fait, et plus attrayant que mon document guide et que les panneaux explicatifs. La fabrication de la bière ne m'étant plus inconnue depuis la visite à Saint Nicolas, je zappe, évitant un groupe d'allemands bruyants et indisciplinés ! Les cuves de brassage en cuivre ne sont pas si imposantes que celles de Meurthe et Moselle, mais la collection d'affiches et d'objets relatifs au breuvage de Gambrinus est exceptionnellement riche. Aucune dégustation n'est proposée à la sortie où l'on vend de tout et n'importe quoi…Privée de petite mousse, j'achète néanmoins de la bière ambrée dites de Stenay… mais brassée dans le nord ! Je me décharge de mon prospectus-guide dans lequel j'ai laissé l'enquête de satisfaction qui m'avait été donnée à l'entrée et que me suis empressée d'oublier de remplir. Je contourne le musée en repassant par le petit jardin de plantes où du houblon encore bien petit au bas de ses perches ne demande qu'à grandir ; rejoins le centre ville où je tue le temps qu'il me reste à attendre, à rêvasser et à lire sur un banc au soleil, devant le très joli kiosque à musique.









La réunion terminée, les participants se dirigent nonchalamment vers le restaurant "les garçons bouchers" où nous profitons d'un goûteux déjeuner (bœuf à l'orange et son "petit" gratin encadré par un duo tourte-tarte, sans oublier le fromage et sa "petite" salade verte... Le cadre est très années 60, aux murs jaune poussin sans rapport avec la boucherie évoquée seulement par un magnifique étal qui visiblement n'a pas toujours été simplement décoratif. Ambiance bruyante où la discussion avec les voisins sympathiques est orientée, alternativement à ma gauche et ma droite, sur des thèmes botaniques et ornithologiques ainsi que sur les tourbières. Ce sont des spécialistes !

En mode très dispersé, nous nous dirigeons vers la vallée de la Meuse dont le caractère inondable fait la richesse. Le groupe s'étire d'un point d'observation à l'autre. Grâce aux jumelles prêtées par notre guide (dont je reparlerai) et aux longues vues qu'il place bien où il faut, nous découvrons des oiseaux qui jusqu'alors nous étaient inconnus : tarin, milan noir, courlis… et dont je n'ai qu'imparfaitement mémorisé l'aspect et encore moins le chant. Seul le râle des marais restera le fantôme du jour, celui qu'on cherche et ne se montre pas. Quelques détours par les noues déjà précocement presqu'à sec en ce printemps peu pluvieux permettent d'admirer une flore aquatique riche en espèces rares et protégées. C'est aussi l'occasion de philosopher sur les règlements, directives et autres dérives agricoles ; intérêts qui s'opposent entre agriculteurs, subventions et préservation de la biodiversité. Nous nous retrouvons tous au point de départ dans la prairie acquise récemment par le Conservatoire de Sites Lorrains, pour couper le ruban symbolique en présence des personnalités, dont Daniel Béguin, vice-président du Conseil Régional de Lorraine, écologiste et fondateur du CSL, impeccable dans son costume noir qu'aucune boue ni poussière n'a souillé lors du circuit… pour une fois que la journée du CSL n'était pas pluvieuse ! Une grande table a été dressée dans l'herbe verte. Nous pouvons y rafraichir nos gosiers desséchés et déguster quelque portion de quiche encore chaude et autres viennoiseries bien sympathiques offertes par le conservatoire.

Au revoir Dom', merci pour cette riche sortie que tu as si bien guidée, au revoir Damien, au revoir Nicolas, au revoir m'sieurs dames ! Toul est à deux heures de route. Retour en compagnie d'un soleil couchant perçant le voile brumeux qui était apparu dans l'après-midi. La lumière dorée est magnifique sur les forêts blondes et les champs de colza en début de floraison !









Dom' Landragin, notre guide de l'après-midi…

Quel plaisir que ces quelques heures en sa compagnie ! Il nous a fait partager son enthousiasme et ses connaissances de ce joli coin de Meuse qui l'a vu naitre, plus particulièrement sur les oiseaux qui monopolisent ses loisirs.
Ce fut l'occasion, 37 ans plus tard, de mous rappeler du lapin mitonné par ses soins à la maison forestière de Beaulieu ; lapin que nous avons dégusté avec les agents techniques de l'ONF qui cartographiaient pour et avec moi dans les si belles forêts d'Argonne. Il était alors stagiaire, déjà très enthousiaste et curieux de tout ce qui touche à la nature. Je ne l'aurais certes pas reconnu si, comme on dit, je l'avais croisé dans la rue. Pourtant, s'il a conservé le même sourire et le même dynamisme, j'ai quand même du mal à retrouver le petit jeune homme de 18 ans derrière l'homme au cheveu grisonnant. Il avait encore tout à apprendre. Moi, j'avais 25 ans et d'une certaine manière j'étais le chef ! Aujourd'hui, c'est lui qui avait beaucoup à m'apprendre, mais je suis désolée de faire plutôt partie de la catégorie des cancres en matière d'oiseaux.

Au fait, oui, les vaches dans les prés sont plus faciles à identifier que les oiseaux ! Elles ne s'envolent pas à notre approche ; aussi, point n'est besoin de longue vue ou de jumelles pour observer la couleur de leur pelage. Quant à leur race, la seule difficulté consiste à reconnaitre les autochtones, les importées et les croisées.

À bientôt peut-être !

(Photos du 16 avril 2011)

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