Un carrelage a priori banal, pas de quoi s'émouvoir, jusqu'à ce qu'on essaie d'imaginer ce qu'il y avait avant, avant que la maison où il se trouvait ne soit détruite. Ce carrelage, que je découvre soudain en train de disparaitre sous des herbes folles, réveille en moi bien des souvenirs d'enfance. La maison était une ferme tout près de chez nous. On y allait y chercher notre lait quotidien, tout frais tout chaud juste après la traite du soir. J'étais parfois préposée à cette mission. "La" Paulette (comme on dit dans la Meuse) filtrait le lait dans un gros bidon en alu. Elle versait dans notre bidon le nombre de mesures désirées, et même un petit peu plus. Je contemplais la manœuvre, adressant un sourire à la fermière. Elle disait que j'avais toujours le sourire. Il ne fallait pas arriver en retard car après 17 heures, le laitier était passé. Il échangeait à heure fixe les bidons pleins contre des bidons vides, tout aussi cabossés les uns que les autres, car n'ayant pas de temps à perdre, il malmenait les récipients dans sa hâte. Le Camille et la Paulette étaient nos amis, tout comme leurs enfants qui avaient respectivement le même âge que ma sœur et moi. Ce carrelage de la cuisine, nous l'avons maintes fois piétiné, et même dansé dessus le rock’n’roll sous les jambons qui pendaient au plafond. Je crois que les poussins, au chaud dans la couveuse derrière la cuisinière, devaient apprécier.
Photo prise par papa en 1960. De gauche à droite : la Claudine qui danse avec ma sœur, maman, la Paulette, la Lélette et le Camille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Dis-moi voir ?