Les lumières se sont éteintes, mais le cloître n'a pas eu le temps de retomber dans sa torpeur. Sitôt que le dernier spectacle "Nuits Lumières" fut donné, que les installations furent démontées (des kilomètres de câbles, des centaines de leds, un écran géant…) et le Viator Jean Pèlerin reparti dans sa tombe, une pelleteuse est arrivée dès le lundi.
Elle a creusé des tranchées au milieu de la luxuriance des dahlias… Les archéologues de l'INRAP n'y ont retrouvé "que" quelques tessons de céramiques datant des premiers siècles après JC. Un bâtiment gallo-romain dormirait par là-dessous.
Émouvant, de penser à tout ce passé enfoui siècle après siècle sous le jardin. Encore plus émouvante la citerne retrouvée sous le puits central et qui sera probablement réutilisée ainsi que les anciennes canalisations de pierre.
Sinon, pas le moindre morceau de squelette. Nul ne fut onc enterré dans ce lieu de prière, de méditation et de passage. Je ne peux m'empêcher d'imaginer une horde de moines encapuchonnés traversant le lieu sacré qui a dû être témoin d'événements avouables ou pas, avec en arrière-plan les silhouettes de Guillaume de Baskerville et du jeune Adso von Melk !
Tout ce tohu-bohu s'est déroulé sous le regard impassible de mes amies les gargouilles et présage de travaux futurs : on va y refaire l'assainissement et surtout les toitures des galeries. Et comme ce sera sous la direction de Pierre-Yves Caillault, l'architecte des monuments historiques qui a dirigé les travaux de la nef de la cathédrale et ceux de la salle du chapitre, on peut être certain que ce sera du beau.
Sauf pour quelques privilégiés, il n'a hélas pas été possible de voir le chantier, même pas depuis les galeries, fermées au public ! Les tranchées sitôt creusées ont été rebouchées dans la journée. Je n'ai donc en photo que quelques pavés déposés et entassés en vrac dans les coins du cloître et des traces d'engins au milieu des fleurs malmenées. Mon imagination un peu folle y voit les gargouilles en émeute, confectionnant des barricades dans la brume du petit matin. Je me joins à leurs protestations : les travaux devant commencer dans quelques jours, l'accès au cloître va probablement être interdit. Mais j'ai hâte de voir le résultat.
Voici quelques photos plus ou moins sans intérêt et dont certaines pourraient faire croire que je travaille pour Baker ou Wilemse.
Jusque là, tout va bien...
Ici, les pavés bien rangés recevaient sans dommages l'eau dégueulée pas les gargouilles.
Puis ça se gâte !
L'ampélopsis n'aura pas eu le temps de masquer totalement les vilaines tôles rouillées : bientôt, de jolies tuiles romanes l'auront remplacée.
Affaire à suivre...
(Photos du 1er mars, 23 et 28 septembre 2010)
