La butte sainte Geneviève est l'endroit idéal pour faire de la géomorphologie, un peu d'histoire, d'écologie, de botanique ! Je ne vais pas me priver de ce plaisir !
Nancy est donc bizarrement (et tardivement) construite sur des marécages au pied et à l'est de la côte de Moselle. De l'autre côté, elle est dominée par le plateau de Malzéville, jolie butte témoin qui offre sur la ville de chouettes points de vue. La butte Saint Geneviève est un promontoire situé au sud est du plateau auquel elle est reliée par un étroit passage qu'on a l'audace de nommer "col" !
Cette situation géographique particulière et l'affleurement de la couche géologique aalénienne comportant pour élément essentiel la minette, (célèbre minerai de fer lorrain), étant des attraits stratégiques déterminants, l'endroit fut occupé très tôt. Un court rempart a suffit pour barrer l'éperon. On ne saura jamais si les hommes du néolithique et ceux de la Tène étaient copains avec leurs voisins de la Fourasse, du camp d'Affrique et de Sion, mais ce qu'on peut dire, c'est qu'ils furent les premiers "Nancéiens" !
Peut-être n'est-il pas utile d'aller y creuser pour retrouver leurs traces, cela a déjà été fait et ça se voit : le sol, soumis à des fouilles archéologiques (fructueuses) et à une occupation militaire et taupicole très récente, n'a plus rien de très originel !
Le résultat de cette belle histoire est une jolie colline ressemblant à une tête chauve coiffée d'une couronne arborée. Le dessus est une pelouse (plus pauvre, certes sur le plan botanique que le plateau voisin) qui correspond à l'affleurement du calcaire bajocien, tandis que le pourtour correspond à l'affleurement de la couche plus marneuse comportant la minette… et où on trouve une flore caractéristique de sol humide.
Du calcaire sur des marnes… bien sûr, il y a une nappe phréatique ! Celle-ci s'épanche dans deux sources qui débordent vers le nord-est et alimentent timidement l'Amezule. Ce "détail" n'a pas dû échapper à nos polisseurs de pierre et à nos apprentis sidérurgistes !
Quant à la vue, elle vaut le détour, que ce soit sur Nancy, 150m plus bas (on fermera les yeux sur l'horreur au pied, qu'on ose appeler "Porte Verte"), sur la campagne vallonnée et verdoyante au-delà d'Agincourt, et même sur les Vosges et le Donon qui émergent à l'horizon au-delà du Pain de sucre.
J'allais oublier… le Conservatoire des Sites Lorrains va y mettre bientôt son nez, et c'est une très bonne nouvelle.
Plateau de Malzéville et Butte Sainte Geneviève. Entre les deux, le village de Dommartemont. Au pied : Saint Max et Essey-les-Nancy
Le Grand Couronné derrière le Pain de Sucre.
Le Pain de sucre.
Essey-les-Nancy
Agincourt. À gauche dans les arbres : la source du Bon Malade...
... que voici.
Vers Brabois.
Éperon... barré !
La pelouse et sa couronne.
Flore de sol humide : fleur de frêne, corydale pleine, scille...
Lupa en dit un peu plus dans ses news.
La carte géologique est accessible sur Géoportail.
J'ai toujours entendu dire dans mon enfance, et cela m'est resté gravé, que le Pain de Sucre serait un ancien volcan !
RépondreSupprimerEn 1969 une source d'eau chaude à 37°fut capturée à l'angle de la RN 413 et de la petite route rejoignant celle d'Eulmont au pied du Pain de Sucre.
En plein hiver les gens venaient laver leur voiture à l'eau chaude qui sortait à gros goulot.
Qu'en est-il de tout cela ?
Qu'en pense Mam'Léa ?
Non, désolée, Gérard, mais le Pain de Sucre n'a absolument rien à voir avec le volcanisme !
RépondreSupprimerIl n'y a que deux sites volcaniques en Lorraine sédimentaire (donc, sans compter les Vosges) qui sont la Côte d'Essey au sud de Lunéville et le Mont, près de Thélod. Les roches volcaniques qui y affleurent sont du basalte à Essey et de l'andésite à Thélod.
Quant à la source d'eau chaude, je n'en ai jamais entendu parler, et cela m'intrigue ! A moins qu'il s'agisse d'un forage : on a bien de l'eau chaude à Nancy thermal !
Merci pour ces précisions.
RépondreSupprimerAvant les travaux en cours, on passait devant le bâtiment abritant la source, juste à l'angle d'une petite route rejoignant celle d'Eulmont. Ce bâtiment existe probablement toujours perdu au milieu du chantier de contournement.equal
Peut-on trouver des éclats de verre de basalte, issus de ses volcans à quelques dizaines de kilomètres à la ronde ?
RépondreSupprimerLes affleurements d'Essey la Côte et de Thélod sont très limités et le volcanisme n'a pas dû y être très spectaculaire.
RépondreSupprimerCe n'est pas non plus un volcanisme explosif, donc, NON, pas de "bombes volcaniques" à la ronde !
(Les pseudo "verres" et "ponces" que l'on trouve sur les chemins Lorrains sont des produits... sidérurgiques !)
Je suis allé trottiner jeudi dernier sur la butte Sainte-Geneviève, qui m'intriguait depuis un moment, et encore plus après avoir lu votre billet. La montée fut assez rude, et la traversée de la pelouse du sommet, une belle récompense. Merci d'avoir renforcé ma curiosité !
RépondreSupprimerSi t'as fait une belle découverte, ça me fait très plaisir !
RépondreSupprimerMerci pour le com'...
Zut alors, je suis en étude de géol et j'ai habité 10ans à proximité de Thélod (à Germiny), et je n'ai jamais rencontrer d'effusif, ou du moin je n'ai rien remarquer. Mon grand pére m'a déja parler d'un volcan, mais en observant la valée (fond plus ou moin plat, 1 bord abrupte, 1 bord à pente douce)ça ressemblait d'avantage à un 'pépin de méandre' laissé par une ancienne riviére. Cependant il n'y a pas de bord abrupte sur le Mt qui ferai penser à un recoupement..
RépondreSupprimerUne ballade s'impose!
Le gisement est tout petit, et la forme de la colline à Thélod (effectivement une butte témoin) n'a rien à voir avec un volcan. Ta balade sur place (avec un seul "l") ne t'apprendra rien de plus, sauf la rencontre avec des cailloux anachroniques.
RépondreSupprimerConsulte la carte géologique du coin.
Quand j'étais jeune, nous allions nous balader derrière le parc Maringer d'Essey (qu'on appelait "le tir" car c'était là que s'exerçait les tireurs sur des cibles peintes en bleu horizon sur le mur. Après avoir traversé le Grémillon, nous continuions à travers friches où un petit ruisseau serpentait. En hiver, il fumait, ses eaux étaient chaudes, alors on se déchaussait et on se réchauffait les pieds dans le ruisseau, ça faisait du bien. Je ne sais pas ce qu'est devenu ce ruisseau avec toutes les infrastructures qui ont bien transformé le paysage. Cela fait 50 ans que j'ai quitté ma chère Lorraine.
RépondreSupprimerCe doit être le ruisseau dont parle Gérard dans le 1er commentaire.
SupprimerMerci pour ce témoignage quelque peu mélancolique.