Automne 1949 et juin 1950 : une petite fille sur un manège. Laquelle de ces photos a été prise à la Foire du Trône ? Probablement la dernière. Je garde un souvenir très lointain et très nostalgique de cette fête monumentale qui déployait ses manèges à deux pas de chez nous. Comment oublier Marfa la Corse avec son python effrayant ; les quelques exhibitions de monstres, en chair et en os, ou dans des bocaux de formol ; les compétitions animées et truquées entre lutteurs ; les innombrables manèges et parmi eux, la chenille où mon estomac ne résista pas ? Nous tentions notre adresse au billard japonais, sucions de flasques bâtons de guimauve multicolores. A la foire au pain d'épices, nous avions droit à notre petit cochon affichant notre prénom en sucre rose ou vert, orné de fioritures édulcorées. Nous le portions fièrement toute la journée, accroché à notre cou, n'osions pas le dévorer, entamant timidement une patte ou une oreille. Le reste durcissait pendant plusieurs jours, car c'était à celle de nous deux qui le garderait le plus longtemps.
Je ne peux pas dire que je suis fan des fêtes foraines mais on peut y voler quelques instantanés colorés ou pittoresques. Chaque année en avril, je traîne mon regard sur la foire attractive du cours Léopold même si je ne monte plus sur aucun manège. Les manèges modernes attisent ma curiosité, mais pas ma convoitise. Quitter la fête sans avoir croqué dans une gaufre Meire dégoulinante de chocolat ou de sucre glace, sans avoir acheté un sachet de nougat 3 fois plus cher que dans le commerce, serait tout aussi inconcevable qu'une foire du Trône sans son petit cochon en pain d'épice ! Étudiants, même si les examens s'annonçaient (la fête avait alors lieu en mai) nous y "descendions" un soir en bande libérant notre agressivité sur les autos tamponneuses. Les premiers jeux vidéo captivaient Michel qui était le seul à y trouver plaisir. Les garçons, roulant des mécaniques, cherchaient à bluffer les filles aux jeux d'adresse, leur offrant avec fierté le lot hideux qu'ils avaient gagné.
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RépondreSupprimerUne odeur de La Strada dans l'air... quelque chose de Freaks... le côté obscur de la fête, jamais loin de la surface...
RépondreSupprimer(Freaks, le film que tout travailleur social dans le handicap qui se respecte devrait voir, et revoir...)
c'est bien émouvant cette affaire, merci mam' !!!
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