Ô, souvenirs du lavoir du village de mon enfance ! C'était un petit lavoir banal, sans ornementation. Même si nous sentions bien que nous n'y étions pas particulièrement les bienvenues, il nous arrivait d'oser y pénétrer. Domaine des femmes, des ragots et des cancans, certaines discussions n'étaient pas faites pour nos chastes oreilles de petites filles !
Les femmes lavaient leur linge sale dans la même eau savonneuse et blanchâtre du bassin aval. À genoux dans le "carrosse" en bois, sorte de caisse à trois côtés, manches retroussées, penchées en avant dans une position inconfortable, elles tapaient bien fort le linge qu'elles avaient préalablement frotté avec un cube de savon de Marseille, avec le plat du battoir, sur le rebord incliné du lavoir. Les "plac-plac" sourds retentissaient à l'unisson. Le rinçage se faisait dans l'eau claire du bassin le plus proche de l'arrivée d'eau, plus petit. L'eau était froide, surtout en hiver ! Madame Bérien, une femme joviale aux cheveux gris noués en chignon sur la nuque, faisait la laveuse pour les ménagères qui acceptaient de payer pour que quelqu'un d'autre fasse la corvée à leur place. Elle arrivait avec sa brouette sans ridelles chargée de deux lessiveuses dans lesquelles elle avait fait bouillir le "blanc" qu'on lui avait confié la veille. On lui réservait en général le gros linge. On se prêtait main forte, à deux, pour torde les grosses pièces ! Bien essorées, il n'y avait plus qu'à les étendre dans le jardin, le vent faisait le reste. On ne connaissait pas la Soupline et les enzymes gloutons n'avaient pas encore été inventées, pas plus que l'usage des phosphates si polluants. Les premières machines faisaient leur apparition dans le village.
Petit à petit, les lavoirs ont fermé. Certains ont été utilisés pour stocker du matériel communal, souvent le matériel des pompiers. D'autres, leurs bassins déblayés, ont été reconvertis en salle polyvalente. Beaucoup sont tombés en ruines. Je dirais que c'est en Meuse qu'on trouve les plus beaux et de plus en plus souvent, si cela est possible, ils sont restaurés. La fondation du patrimoine y contribue.
Construit en pierre d'Euville en 1817, le joli lavoir de Laneuville au Rupt vient de subir un lifting. Les alentours ont été aménagés… un peu too much ? Bah, c'est tout prop' comme on dit du côté de chez nous !
Sur la façade, en symétrie, deux chimères ailées, à tête de chien et queue de poisson.
À l'intérieur, l'alimentation arrive de chaque côté dans les 2 petits bassins demi sphériques qui encadrent le bassin central.
Une magnifique charpente supporte les tuiles plates en écaille d'un toit à 4 pans bien moussu !
Un second lavoir (fermé), comparable mais plus modeste dans son ornementation, se trouve sur la place de l'église.
Les femmes lavaient leur linge sale dans la même eau savonneuse et blanchâtre du bassin aval. À genoux dans le "carrosse" en bois, sorte de caisse à trois côtés, manches retroussées, penchées en avant dans une position inconfortable, elles tapaient bien fort le linge qu'elles avaient préalablement frotté avec un cube de savon de Marseille, avec le plat du battoir, sur le rebord incliné du lavoir. Les "plac-plac" sourds retentissaient à l'unisson. Le rinçage se faisait dans l'eau claire du bassin le plus proche de l'arrivée d'eau, plus petit. L'eau était froide, surtout en hiver ! Madame Bérien, une femme joviale aux cheveux gris noués en chignon sur la nuque, faisait la laveuse pour les ménagères qui acceptaient de payer pour que quelqu'un d'autre fasse la corvée à leur place. Elle arrivait avec sa brouette sans ridelles chargée de deux lessiveuses dans lesquelles elle avait fait bouillir le "blanc" qu'on lui avait confié la veille. On lui réservait en général le gros linge. On se prêtait main forte, à deux, pour torde les grosses pièces ! Bien essorées, il n'y avait plus qu'à les étendre dans le jardin, le vent faisait le reste. On ne connaissait pas la Soupline et les enzymes gloutons n'avaient pas encore été inventées, pas plus que l'usage des phosphates si polluants. Les premières machines faisaient leur apparition dans le village.
Petit à petit, les lavoirs ont fermé. Certains ont été utilisés pour stocker du matériel communal, souvent le matériel des pompiers. D'autres, leurs bassins déblayés, ont été reconvertis en salle polyvalente. Beaucoup sont tombés en ruines. Je dirais que c'est en Meuse qu'on trouve les plus beaux et de plus en plus souvent, si cela est possible, ils sont restaurés. La fondation du patrimoine y contribue.
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Construit en pierre d'Euville en 1817, le joli lavoir de Laneuville au Rupt vient de subir un lifting. Les alentours ont été aménagés… un peu too much ? Bah, c'est tout prop' comme on dit du côté de chez nous !
Sur la façade, en symétrie, deux chimères ailées, à tête de chien et queue de poisson.
À l'intérieur, l'alimentation arrive de chaque côté dans les 2 petits bassins demi sphériques qui encadrent le bassin central.
Une magnifique charpente supporte les tuiles plates en écaille d'un toit à 4 pans bien moussu !
Un second lavoir (fermé), comparable mais plus modeste dans son ornementation, se trouve sur la place de l'église.