L'année commémorative du 6ème centenaire de la naissance de Jeanne d'Arc a été clôturée ce week-end par la création mondiale d'un oratorio. Ce "Jehanne" est-il digne d'être comparé à "Jeanne d'Arc au bûcher", l'oratorio dramatique d'Honegger ?
Sur la démarche, il est remarquable qu'une petite ville, sponsorisée par des institutions locales (la municipalité de Vaucouleurs, le CG55, la région Lorraine, Retina...) puisse permettre la production de ce genre d'événement.
Musique : l'œuvre de François Maugrenier est délibérément moderne mais non "grinçante". C'est même très agréable à écouter. Je lui reprocherais la sous utilisation des chœurs d'enfants et l'absence de solos masculins. Les tableaux ont une intensité émotionnelle inégale mais certains passages sont littéralement sublimes.
Texte : était-il bien utile de raconter la vie de Jeanne dans un récitatif ? On en connait l'histoire et celle -ci, écrite par Denis Rocher, était en l'occurrence très "traditionnelle" et je suis gentille, car la fin est d'un patriotisme très convenu !
Interprétation : superbe interprétation sous la direction de Denis Rocher. Le World Music Orchestra, avec ses instrumentistes venus de divers horizons était à la hauteur. Certains instruments ont été mis en valeur par des solos et des duos impeccables. Les enfants de la chorale "La clé des chants" de Vaucouleurs n'étaient pas tous très concentrés, mais ils ont droit à mon indulgence. Les femmes de l'ensemble Vocal "Pro Lyrica" atteignaient leurs limites vocales.
Le récitant déguisé on se demande pourquoi en moine sombre, était tout à fait inutile. Mais Quentin Cabocel a assumé son rôle avec brio.
La soliste Bertha Sgard-Perez a une voix sublime et très pure. Dommage que son accent (elle et d'origine mexicaine) ait rendu difficilement audible son récitatif, et pratiquement inintelligibles les paroles de ses solos. Etait-il utile de la revêtir également de costumes (elle en change) un peu ridicules et tout à fait inadéquats ?
Mise en lumières : les éclairages illuminant chœur et transepts sont inadaptés et aléatoires. Les interprètes sont en général dans la pénombre, sauf la soliste et les chœurs qui ont la chance de se trouver sous la rampe des projos. En final, un rayon laser tout à fait incongru, dessine ses formes géométriques sur la voute du chœur apportant une note de modernisme factice. Inversement, l'éclairage sur la scène finale du grand crucifix de l'église est d'un opportunisme convenu ! Il y a même une petite fumée....
Pour conclure, il est à souhaiter que cette première soit le brouillon d'une œuvre plus aboutie et moins "rurale" après être épurée des quelques gadgets qui l'affadissent.