Les spectateurs se sont rués vers les parkings, devant les figurants-mineurs imperturbables figés en un tableau final improvisé. Ils se sont engouffrés sur la passerelle avant de pouvoir trouver refuge au sec dans leurs véhicules.
Les trombes d'eau d'une pluie orageuse, à peine moins pire que celle du feu d'artifice du 13 juillet à Toul l'an dernier, se sont abattues sur le sol du carreau Wendel qui s'est très vite transformé en pataugeoire.
La soirée a pourtant commencé dans une douceur exceptionnelle. Le spectacle a débuté à 21heures trente précises nous faisant dire après coup que les organisateurs avaient peut-être pressenti le déluge à venir. Scènes historiques, certaines très émouvantes, danses, chants, pyrotechnie, effets spéciaux : les reconstitutions se sont enchainées avec succès … Costumes réalistes, chorégraphies soignées, véhicules de collection, animaux (ânes et chevaux) authentiques, tout était au point et le public sous le charme n'a pas été avare d'applaudissements. Le seul reproche que je pourrais faire est le manque de punch de certaines scènes, rendant par exemple peu crédible la scène des affrontements entre les mineurs grévistes et le forces de l'ordre.
Et le commentaire en voix off peut-être un peu trop redondant.
Des broutilles !
A un moment, la pleine lune a fait une nébuleuse apparition au travers d'une déchirure des nuages et l'on s'est mis à espérer que la pluie annoncée nous épargnerait.
Vingt-cinquième tableau : on voit les mineurs abandonner au fond pour la dernière fois la grosse haveuse qui se transforme en un monstre à l'allure très dinosaurienne ! Comme un juste retour aux sources du charbon qui ne ferait cependant pas revivre les fougères du carbonifère. Le monstre était donc voué à une mort inéluctable !
Quelques grosses gouttes d'eau perfides… on a alors naïvement enfilé les imperméables.
Le spectacle tirait à sa fin. Il ne manquait plus que 2 tableaux, quand la pluie s'est mise à tomber de plus en plus drue en cascades luisantes dans la lumière des projecteurs.
Quelques spectateurs ont commencé à quitter les gradins, d'autres, résignés, ont tenté de rester devant le spectacle qui continuait.
Il a pourtant fallu se rendre alors à l'évidence : le spectacle était terminé !
Les figurants en combinaison bleue du mineur et coiffés de leur casque blanc à lampe frontale se sont avancé et alignés sur le devant de la scène, protégeant celle-ci d'éventuelles intrusions qui auraient pu affecter le matériel, et balisant de ce le fait le chemin de la sortie. La voix off (celle de Sylvie Dervaux, metteur en scène) a demandé qu'on maintienne la musique.
L'eau s'est accumulée au sol, donnant naissance à de véritables mares qui tentaient de s'écouler en ruissellements torrentiels.
Chaude.
Chacun, pataugeant dans les mares, se dirigeait vers les parkings herbeux sans panique, malgré les éclairs qui zébraient au loin le ciel.
L'évacuation du site s'est faite bien sagement, favorisée par des bénévoles qui n'avaient pas quitté leur poste.
Quand nous sommes arrivés à Freyming, la pluie avait cessé, et nous avons bien ri de nous retrouver en slip tous les huit dans la buanderie exigüe où nous avons accrochés sur les fils nos vêtements ruisselants.
Nous garderons néanmoins un bon souvenir des "enfants du charbon" mais avec le regret non pas d'avoir manqué les deux derniers tableaux, mais de n'avoir pas pu applaudir et féliciter les acteurs et les figurants comme ils l'auraient mérité.
Quelques images prises au pied du puits Vuillemin qui en a vu de toutes les couleurs :
(Photos du 26 août 2010)