C'est à la fin du 19ème (1867) qu'Antoine Corbin fonde les Magasins Réunis et construit en 1883 le magasin près de la gare, à l'angle de la rue du Faubourg Saint Jean, et de la rue Mazagran.
En 1906, son fils, Eugène Corbin, fait appel à Lucien Weissenburger pour en effectuer un agrandissement dans le style École de Nancy alors à son apogée. De grands noms tels que Louis Majorelle, Jacques Gruber (vitraux du tea-room, de la bijouterie et toutes les enseignes des rayons !), Victor Prouvé, et bien d'autres sont associés à cette construction qui sera un des fleurons de l'art nouveau à Nancy. Bientôt en 1913, la tour d'angle du siège de l'Est Républicain et celle des Magasins Réunis se feront un face à face prestigieux, au bout du pont Saint Jean.
Hélas, le 16 janvier 1916, les Magasins Réunis sont totalement détruits dans un incendie, désastre auquel un certain "Gros Max" envoyant ses obus incendiaires sur la cité ducale depuis Moyenvic, n'est probablement pas étranger, ou peut-être s'agissait-il d'un simple court-circuit ?
Une partie des vitraux sauvegardés se trouvent au musée de l'Ecole de Nancy, rue Blandan.
Après la guerre, on reconstruira. Probablement y eut-il des locaux provisoires car le commerce se poursuit ? Bientôt les "Réunis" vont renaitre de leurs cendres avec la construction, au même endroit, d'un immeuble Art Déco, dont l'architecte sera Pierre Le Bourgeois, le même qui avait construit le siège de l'ER dans le style Ecole de Nancy.
La construction des nouveaux Réunis s'étalera de 1926 à 1928, il en résultera un édifice qui ne fera pas l'unanimité chez les Nancéiens.
Depuis, de nouvelles modifications sont intervenues. Le Printemps, la FNAC et des bureaux (espace Corbin) se partagent le bâtiment qui a perdu sa mezzanine, ses ascenseurs et, au dernier étage, son restaurant et sa galerie d'exposition. La galerie Corbin a accueilli pendant plusieurs années les belles expositions de minéralogie de monsieur Titeux dont nous étions fan. A l'intérieur, seul subsiste le bel escalier Art déco.
Il y a actuellement un projet de restauration des extérieurs, passablement dégradés.
Les premiers magasins Réunis, probablement avant l'extension de 1906, vu l'aspect des étages supérieurs.
Extension des magasins, avec une structure métallique.
D'après ces 3 cartes, on voit que les Réunis occupaient les deux côtés de la rue, dont le bâtiment qui sera plus tard occupé par les rotatives de l'Est Républicain, puis par la brasserie "l'Irlandais".
Tout le quartier était investi par un florilège de grands immeubles Art Nouveau : Réunis, Est Républicain, Banque Renauld, Brasserie Excelsior, Chambre du Commerce... on comprend qu'on n'ait pas eu beaucoup de remords quant à la disparition de la porte Saint Jean détruite au milieu du 19ème !
Après les bombardements. Vue vers l'actuelle place Maginot : on tourne le dos au pont Saint Jean. On y voit sur la droite la tour d'angle de la banque Varin Bernier, (1909 par l'architecte Joseph Hornecker). La structure métallique n'a pas fait un pli !
Les publicités se succèdent de façon étonnante, la même année, dans le pays Lorrain de 1928 :
Sur la première, encore empreinte d'Art Nouveau, on reconnaît, sur la droite, le bâtiment côté gare. Quant à l'autre, je n'ai aucune idée de ce à quoi il correspond.
Trois mois plus tard, apparait la nouvelle publicité, résolument Art Déco, avec l'immeuble tel que les Nancéiens le connaissent aujourd'hui... ici, vu depuis l'actuelle place de la République. La Maison du Café sur la gauche a fait place au Quick.
Place Thiers, années 60.
"Les Réunis" aujourd'hui...
Je n'ai jamais cessé d'appeler ce magasin "les Réunis". Du sous-sol au 3ème étage, on y trouvait de tout, et le restaurant était toujours très fréquenté ! Un vrai magasin digne des ceux de Paris. Le rayon "jouets" en période de Noël était particulièrement bien achalandé et attractif.
Le "Printemps" ne propose plus que de la parfumerie, des vêtements, de la maroquinerie et un peu d'équipement de la maison, le tout sous des enseignes suffisamment luxueuses pour qu'aucun RMIste n'ait l'idée d'y faire des achats. La Fnac s'y incruste avec son entrée sur la partie piétonne de l'avenue Foch, en face du siège de l'ER, qui vient tout juste de fermer ses bureaux.
Cartes postales anciennes :
Dadu Jones,
collection Pierre Boyer