Jolie promenade dans la neige samedi dernier en partant au-dessus des grottes puis en nous enfonçant dans la forêt en direction de Villey-le-sec. Dans le vallon, le chemin creux monte tout doucement, avant d'amorcer une courbe sur la droite après le carrefour avec le chemin qui relie Chaudeney à Villey.
On parvient assez vite à l'ancienne poudrière (*) construite ici après 1870 dans le cadre des fortifications Serré de Rivières. Le casernement est en grande partie ruiné mais des traces de feu attestent du passage assez récent et peu discret de quelques "bipèdes" négligents.
Des chauves-souris ont leur refuge bien protégé dans une galerie souterraine dont l'accès est fermé par une porte métallique, ajourée dans le haut. Elles ont remplacé les pioupious qui stationnèrent là entre deux guerres ! Lupa y a effrayé deux oiseaux de nuit (chouettes ou hiboux ?) qui, telles deux sentinelles paisibles, attendaient la tombée du jour pour chasser et que je n'ai même pas eu le temps de voir !
31 octobre 2009
Intérieur de la poudrière : photo prise à l'aveugle et à bout de bras par Lupa ; c'est un long tunnel avec un mur au fond ! Il n'y a pas plus l'ombre d'un chiroptère que du volatile que nous avons dérangé. Je présume qu'il y a des couloirs latéraux ?
Plus loin, le puits au milieu de rien est encore plus étonnant en cette saison qu'en plein été. J'imagine un quelconque Mimile, Georges et Bébert puiser l'eau avec un seau de fer blanc par un froid glacial pour les quelques soldats cantonnés ici pour plusieurs jours ou peut-être plusieurs semaines. Ils ont la cigarette au bec et de la vapeur sort de leur nez rougis par le froid… et par la mirabelle. J'imagine le grincement de la poulie, le brouhaha sourd dans le baraquement, les pas de la garde dans les feuilles mortes gelées, une odeur de soupe au chou et de café bouilli.
Sur le sentier forestier, la neige qui est tombée toute la nuit est vierge de toute trace humaine et à peine troublée par le passage de quelques bestioles autochtones : celles de rongeurs qui disparaissent sous une racine de charme ou de chêne, celles de quelques chevreuils qui descendent vers la Moselle. Des pattes d'oiseaux ont laissé une empreinte plus fine. Plus loin, les roues d'un VTT ont tracé un unique sillon bien net que nous quittons sur le plateau lorsque nous bifurquons sur la droite. Nous contournons le fort de Villey tout en longeant d'autres petits ouvrages abandonnés, en belle pierre de taille. Nous redescendons dans la vallée par un chemin où les traces d'un homme (vu la taille des empreintes et la longueur des pas) accompagné de son chien font travailler mon imagination : ici, le type et l'animal marchaient côte à côte, puis l'animal frétillant de la queue s'est enfoncé dans une parcelle, attiré probablement par quelque piste odorante. Là, l'homme s'est arrêté pour siffler le chien. Non loin de là, il a satisfait un besoins naturel. Puis, il a hésité sur le chemin à prendre avant de continuer finalement tout droit en compagnie de son animal qui l'a enfin rejoint…
Alors que nous fermons la boucle, nous retrouvons nos propres traces brouillées par celle de quelques villageois, JM au début de sa balade, B qui nous dépasse, de retour de Villey où il est allé couper du bois…
En bas, la Moselle est à demi cachée derrière aulnes et saules et les cheminées du village fument allègrement dans une ambiance silencieuse et froide.
Photos du 9 janvier 2010
(*)
La poudrière de Bois sous Roche, bien qu'étant sur le territoire de Chaudeney, est située en forêt communale de Pierre-la-Treiche. Tout comme les grottes, elle est classée en ZNIEFF (= Zone naturelle d'intérêt faunistique et floristique) gérée par l'ONF incluse dans un site Natura 2000. Quatre espèces de chauves-souris y ont été observées :
Myotis myotis (Grand murin),
Plecotus auritus (Oreillard roux),
Myotis mystacinus (Vespertilion à moustaches) et
Rhinolophus ferrumequinum (Grand Rhinolophe). Elle n'est signalée par aucune pancarte et j'espère bien y attirer quelques bipèdes curieux et non malveillants !