A première vue, on se demande bien pourquoi diable un village comme Pierre-la-Treiche s'est installé au nord et qui plus est sur des terres inondables !
En fait, à l'origine, le "village" était plus haut, sur une terrasse alluviale plus ensoleillée, située à une trentaine de mètres au-dessus de la rivière. Clairière au milieu de la forêt. L'abondance de "trésors" : outils, poteries et le squelette mérovingien exposés au musée de Toul, trouvés au lieu-dit "le cercueil", témoignent de cette origine.
Puis la rivière devint une ressource économique et les pêcheurs s'installèrent juste en-dessous, dans de toutes petites maisons semi-troglodytiques dont certaines sont encore habitées. Un toit d'une simple pente, trois murs et la falaise fait le reste.
Ensuite, la rivière est devenue un moyen de communication de plus en plus important : canalisation au 19ème, mise à grand gabarit vers 1974. Et le village s'est encore rapproché de la rivière, progressant aussi petit à petit vers l'ouest.
Pierre devint une étape pour les mariniers qui pouvaient y trouver "foin, paille, avoine" pour leurs chevaux, ainsi qu'une petite piquette pour rafraîchir leur gosier dans des troquets qui ne sont plus que lointains souvenirs.
Petit vin du cru : il y avait des vignes à Pierre-la-Treiche, exposées plein nord !
Exit les chevaux et le vin aigre. On (=les frères Mourlon) se mit à construire des péniches en bois dans deux cales sèches, au lieu-dit "le quart de sable". Il ne reste plus que l'ombre du chantier de bateaux. On (le VNF d'alors) construisit des moteurs de péniches dans une usine à côté de l'écluse 52.
Un quai de chargement situé entre le village et la Rochotte permettait d'embarquer le calcaire arraché au plateau. Destination les usines Solvay, à Dombasle.
La Moselle n'avait pas même la reconnaissance du labeur des villageois et encore moins de leur habitat. Régulièrement, elle sortait de son lit. Mais le Pierrat ne s'avoua jamais vaincu, construisit une digue, que la rivière, emporta en 1947, obligeant les habitants à se déplacer en barque dans les rues, et d'entrer par ce moyen par la fenêtre de leurs logis.
Rehaussée la digue !
Combat inégal ? Le Pierrat espère que la baisse de 7 m du niveau depuis la mise à grand gabarit le protègera. Pourtant en 1983, année de la dernière alerte sérieuse, l'eau de la rivière est venue lécher les premières maisons du village et, en octobre 2006, les petits poissons sont venus mourir en grand nombre dans les flaques laissées sur les berges de la rivière après la décrue.
Sur la rive droite, côté soleil, les grottes n'ont jamais accueilli aucun homme préhistorique.
Le restaurant Beaurivage est une halte gourmande bien sympathique, mais la canalisation a détruit le caractère bucolique de son environnement. Disparus le plongeoir et la baignade. Disparu le barrage. On ne joue plus au pirate ou au conquistador en abordant l'ile du Zill également engloutie.
Les chalands qui passent sont de grosses péniches, lourdement chargées de ferraille qu'elles emmènent à l'usine de "Neuneu". On entend de loin le ronflement régulier de leur moteur, luttant sans peine contre le courant qu'elles remontent. Et quelques bateaux de plaisance battant pavillon Belge, Allemand ou Hollandais, d'où l'on vous fait coucou au passage, alors que vous vous promenez sur un chemin de halage trop nu.
Pierre-la-Treiche sans la Moselle ? C'est i-ni-ma-gi-nable !