mercredi 29 octobre 2008

A propos de boutique... "Chez la Jeanne"

Que ceux qui ont déjà lu ce texte ailleurs m'excusent… Ils auront ici l'occasion de le relire.
C'est un souvenir d'enfance, fin des années 50, quelque part dans un village de Meuse.

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La devanture de sa boutique n'avait pas d'enseigne mais tout le village l'appelait "chez la Jeanne" !

C'était sur la place de l'église, une maison coincée entre ses deux voisines. Franchir la porte faisait retentir un carillon de tubes métalliques qui cessaient lentement de s'agiter dans quelques dernières convulsions. Une marche plus bas et l'on était dans un sas minuscule où donnaient deux portes : à droite celle de la cuisine, à gauche celle toujours ouverte de la boutique.
Le temps de s'habituer à l'obscurité et on pénétrait dans un gourbi encombré de tout ce qu'on ne trouvait pas à la Sanal ou aux Coopérateurs de Lorraine qui, par chance pour la Jeanne, étaient parfois dépourvus de la denrée essentielle qu'il vous manquait.

La Jeanne arrivait bien vite derrière vous. C'était une petite femme aux cheveux gris tirés en arrière en un chignon serré, portant un éternel tablier sur une jupe aux couleurs indéfinissables et un châle noir sur ses épaules frileuses.
Des étagères surchargées accueillaient un bric-à-brac hétéroclite où les pâtes tenaient compagnie aux litres de vin, le fromage aux cahiers d'écoliers. Suspendues au plafond, des charentaises délavées faisaient la causette à des saucissons bien secs !
La Jeanne n'était pas grande et derrière son comptoir, elle émergeait à peine entre les paniers à œufs suspendus contenant ail, oignons, œufs.
Je n'ose appeler comptoir ce meuble où les bocaux de bonbons faisaient le bonheur de notre horde d'écoliers munis de quelques piécettes. Un franc pour un poisseux carambar gagnant, trois ours en chocolat décoloré pour un autre petit franc, quelques boules vertes, rouges, jaunes pour faire l'appoint !

On ne savait pas trop si elle ne savait pas compter ou si elle était vraiment malhonnête, mais on avait pris l'habitude de vérifier la monnaie qu'elle tendait dans sa main calleuse et si quelque charançon habitait la farine, elle échangeait sans broncher.
La Jeanne était intemporelle et nous ne cherchions pas même à nous l'imaginer en jeune et dynamique commerçante.

mardi 28 octobre 2008

Boutiques

Celles-ci ont une âme, mélancolique et désuète, mais quel panneau de PVC ou de verre coloré remplacera leurs vieilles boiseries, quel panneau néo-contemporain remplacera leur enseigne écaillée, quel néon clignotant illuminera leur devanture quand on décidera de les "réhabiliter" ?

À quoi ressembleront les vilaines boutiques modernes flashy et fluo, de nos centres villes quand elles seront désaffectées ?

Toul, rue du Murot...

... place Croix de Füe.

Nancy, rue Saint Michel.

Lunéville, face au château...

... ou quelque part dans le dédale des ruelles.

vendredi 24 octobre 2008

Portraits de famille


Mon patchwork de vieilles photos de famille pour le site de généalogie familiale réalisé par Lupa.

De gauche à droite, on reconnaît sans peine :
- Catherine, une arrière-grand-mère qui m'est chère car née jour pour jour 80 ans avant moi. C'était une petite bretonne qui ne parlait pas un mot de français ! Elle travaillait dans les cuisines du marquis de Ker Sauzon à Morlaix pour faire vivre les 7 enfants dont elle avait la charge, suite à la mort prématurée d'Yves Marie.
- Joseph, un grand-père de Lupa, homme droit et sévère mais d'une grande bonté.
- Papa en communiant. Il était alors pensionnaire dans un orphelinat très rigide.
- Louis Auguste un arrière arrière-grand-père de Lupa.
- Faye et Françoise, mes grands-parents. Comme dans un conte, le beau soldat gazé au front épouse sa belle infirmière.
- Renée, ma gentille petite belle-maman.
- Anne Amélie, dite Tante de Versailles, qui éleva ma grand-mère Charlotte avant d'épouser un éminent astronome.
- Louise, la douce et effacée grand-mère de Lupa.
- Edmond, le papa de Lupa, avec ses parents : Jean, libraire à Sarlat, et Berthe. Beau-papa était né dans la maison de la Boétie !
- Maman sur une photo de studio qu'elle avait fait faire pour envoyer à Papa alors qu'il était prisonnier en Allemagne.

mercredi 22 octobre 2008

Nancy-Saint Seb'

(Pour rebondir sur le blog de Dadu)

Une église baroque, telle un îlot, perdue au milieu de buildings : elle donne son nom à tout un quartier de la ville.




À droite : le building Joffre.


J'aime bien les reflets, on ne sait plus où est l'envers, où est l'endroit, le vrai, le faux !


Derrière l'ancien centre de tri, on aperçoit les nouveaux bâtiments le long de la gare, éléments du projet "Nancy grand coeur".



Il y avait au départ un seul gratte-ciel, une tour bleue détestée des Nancéens : le building Joffre, bien visible dans le paysage.
J'apprends en fouinant sur le net que c'est une œuvre de Prouvé, mais comme je ne m'y connais pas dans la généalogie de la famille, entre Jean, Claude, Henri…
Construite en 1963, cette tour est réalisée en terrain marécageux. Le Toarcien affleure ici, schisteux, marneux, bitumineux, merdique en fait ! Pour palier aux inconvénients du sous-sol, on a eu l'idée ingénieuse de construire le bâtiment sur une dalle flottante, soutenue par un pilier unique qui va chercher en profondeur une assise gréseuse plus solide !

Puis les vieux quartiers voisins furent rasés et d'un trou béant, tel le trou des halles à Paris, est sorti après bien des tergiversations, un centre commercial du nom de l'église qui patronne le quartier, avec son parking, du même nom.
Le centre est très populaire, avec les mêmes enseignes que dans tous les mêmes centres commerciaux de France et de Navarre ! Je n'ai pas trop entendu les nancéens dire que c'était moche, mais je n'irai pas cracher dans la soupe car il m'arrive (bien que de moins en moins souvent, je l'avoue) d'y faire quelques achats.
Puis les buildings ont poussé comme des champignons entre gare et lycée Cyfflé : CPAM, Palais des congrès, Trident… Après l'église Saint Sébastien, on a noyé la synagogue dans le même océan !
Le corps de sapeurs-pompiers du District Urbain s'installe en 1991 de l'autre côté du boulevard Joffre à côté du centre de tri, œuvre de Claude Prouvé datant de 1969, lequel sera conservé in extremis et prochainement réhabilité en un nouveau Palais des Congrès.

Est-ce ici Nancy-Manhattan, ce quartier dont rêvait l'ancien Maire, Marcel Martin, mais qu'il imaginait près de la gare, à la Place de L'Excel/Poirel, avec plusieurs tours (dont la tour "Thiers") reliées par des passerelles ?

Haussman n'a-t-il pas saccagé certains quartiers de Paris, avec la louable nécessité d'aérer la ville et d'y faciliter le transport urbain ? Faut-il pleurer sur ce que l'on détruit ou sur la laideur de ce que l'on construit ?

Je ne prendrai pas position ! J'aime assez l'architecture moderne et les "skyscrapers" du quartier de la Défense pour ne pas m'opposer à tout modernisme !

dimanche 19 octobre 2008

Côtes de Toul

Les vignes en automne, c'est un patchwork d'images et de sensations dont je ne me lasse pas !
Et puis ici, au moins, on ne risque pas de croiser les chasseurs, mais on les entend qui sévissent dans la forêt, en haut de la colline, et leurs tirs lointains viennent à peine troubler le pacifisme de la balade.






Ça sent tantôt la terre humide, la feuille pourrie et l'humus, tantôt l'herbe fraîchement coupée, la pomme ou le moût de raisin fermenté. Sur les ceps tortueux, blondes ou pourpres, les feuilles pudiques ne cachent plus que quelques grappes négligées pas les vendangeurs.
J'ai croisé le petit chaperon rouge et ses grand-mères, des appareils photos en goguette, modestes ou prétentieux, des grolles terreuses, des baskets boueuses, un petit chien blanc, une poussette grincheuse…
J'ai grapillonné quelques grains acides, empli mes poches de quelques pommes luisantes et poires à demi bouffées par les limaces, dédaigné un coprin chevelu solitaire.
Les vignes et les vergers vivaient un jour de grâce ensoleillé où chacun s'affairait, qui pour son plaisir, qui pour l'entretien de son terrain, de son verger ou de sa vigne.

On en deviendrait romantique !

jeudi 9 octobre 2008

Des affiches sur les murs...






En voyant ce genre d'œuvres d'art, superbes compositions abstraites, je ne peux m'empêcher de penser aux affiches peintes en trompe l'œil par Bruno Rossi ! J'ai aussi une pensée pour ceux qui font des affiches que personne ne regarde. Mais le collage n'est-il pas un procédé artistique reconnu ?

mardi 7 octobre 2008

Place Stanislas










Un jardin éphémère version 2008 particulièrement réussi !
C'est superbe, japonisant, frais, varié, coloré, riche (j'ai halluciné devant les vases Daum, en massif, comme des fleurs !)...
Il y a de l'eau, du sable, du verre, du bambou, des ombrelles, des fossiles, des bonsaïs, des légumes, des fleurs...
Et au milieu de tout cela, le bon Roi Stanislas jouant au Roi Soleil en faisant fonction de cadran solaire !

vendredi 3 octobre 2008

Nancy, Nancy : tous les voyageurs descendent de voiture !

Un clin d'oeil à Dadu... en retour !

Le viaduc Kennedy, enlaidi par le tram' (avec la tour Panoramique tout au fond).

De même que le pont Foch, mais qui est aussi toujours admirablement fleuri...

et qui offre de belles vues sur les rails !


Le nouveau hall, quartier "coeur de Nancy".

Et l'ancien centre de tri (oeuvre de l'architecte Jean Prouvé).

jeudi 2 octobre 2008

Sur la voie désaffectée de Toul à Neuves-Maisons

Si qu'on disait qu'on allait jouer à la micheline (sans majuscule) sur la voie ferrée entre Villey le Sec et Maron ? Départ de Villey le Sec, près de l'ancienne gare, ex-maison du garde-barrière.
Il faisait chaud et beau, comme dans une contrepètrie belge (mais je n'ai rien contre les Belges, ni contre les Corses, ni…). En ce début d'automne, la chaleur était plus estivale qu'elle ne l'avait été de toute la soi-disant belle saison et j'allais bien vite regretter d'avoir mis ma veste polaire, m'étant fiée à tort au calendrier plutôt qu'au thermomètre ! Seule, une belle lumière d'automne et la discrète rousseur qui ondulait au sommet des arbres confirmait que septembre s'achevait bel et bien. La forêt s'étendait à perte de vue au-delà de la rivière.
Donc nous voici sur la voie prohibée, coincée entre la falaise et la Moselle canalisée, qui offre une super possibilité de balade sans se fatiguer puisque par définition, le trajet est à plat. Quoi que, marcher sur des traverses à l'espacement irrégulier n'est pas vraiment de tout repos, et le soir, mes mollets étaient un peu raides.
On s'était attendu à croiser quelque reptile dangereux, hôte habituel du ballast, mais nous n'avons rencontré qu'un inoffensif orvet et un lézard pas si timide que ça ! Le bâton de randonneur que j'avais emporté pour un éventuel combat digne de Saint Michel se révéla donc inutile.

Ambiance un peu science fiction… mais le train ne siffla pas trois fois, Gabin ne fit pas fumer la loco à charbon de Germinal et Trintignant ne sortit pas du tunnel de Malvil ! Pourtant, la fuite lourde d'une bête sauvage dans la forêt au-dessus de nos têtes nous fit sursauter… probablement un sanglier effrayé en ce jour d'ouverture de la chasse ! Le squelette impeccablement nettoyé d'un chevreuil qui avait dû tomber par-dessus le mur de soutènement faisait évoquer quelque désert torride !
Plus très loin de Maron, la vallée commençait à s'ouvrir et l'horizon à s'élargir. Les rives obscures peuplées d'aulnes et de saules noirs au contre-jour se reflétaient dans la Moselle imperturbable. Au loin on apercevait déjà la falaise d'escalade. Une petite barque à moteur remontait un pêcheur au terme de son équipée dominicale. Ha ! Je rêvais qu'il eut capturé l'esturgeon d'une certaine nouvelle…
Les tirs qu'on avait supposé être ceux de chasseurs inaugurant la saison se faisaient de plus en plus proches, mais leur régularité nous fit prendre conscience qu'on s'approchait du ball-trap, ce que confirma bientôt le crépitement des éclats de pigeons d'argile qui tombaient à nos pieds sur le remblai ! Nous fûmes contraints à un prompt demi-tour, mais j'avoue qu'impavide et inconsciente, j'aurais bien continué mon chemin.
Le trajet du retour offrait aux lieux que nous avions déjà traversés un éclairage à contre-jour qui leur donnait du relief. Je fis ma nième photo des rails rouillés, des traverses grises et rapportait un nième boulon souvenir !
Afin de prolonger quelque peu notre virée trop tôt interrompue nous fîmes le détour par la Sabotière, le relais équestre qui domine la vallée tel un poste de garde et où les chevaux dont les têtes sortent des boxes constituent de bien pacifiques sentinelles.
Bien sûr, le pigeon avait quitté le parapet bleu du barrage, et peut-être rejoint sa cachette mouvante sur la porte de l'écluse : celui-là n'était pas d'argile !