mardi 6 octobre 2009

Dans la tour Sud

15 heures...

La porte de la tour vient de claquer derrière moi. Les clefs en ont fait grincer la vieille serrure. La jeune guide de l'accueil m'a dit :
- Il y a une visite en cours… vous allez les retrouver !
Alors je monte, n'ayant que cette possibilité.
Je ne suis pas totalement en terre inconnue : il y a quelques années, je suis montée dans la tour Nord avec Alde Harmand pour jeune guide et un groupe d'ados. Je ne sais plus s'ils étaient membres des Jeunes Amis du Musée ou du Club Philatéliste dont mes enfants faisaient partie. J'avais été acceptée parmi eux pour une visite privée et leur en suis encore reconnaissante. Alde nous avait avertis des risques de vertige. En effet, à cette époque, l'accès n'était pas sécurisé et on passait au ras de larges ouvertures béantes qui laissaient apparaitre la ville tout en bas… J'avais réussi à surmonter mon vertige en rasant l'axe de l'escalier sans regarder en bas. Comme quoi, quand on ne veut pas avoir l'air bête !...

C'est ainsi que ce 12 septembre, je fais l'ascension de la tour Sud de la cathédrale Saint Étienne de Toul en solitaire ! Les conditions météorologiques sont parfaites : atmosphère pure, ciel bleu avec de jolis nuages blancs, température agréable malgré un léger vent frais. Je suis équipée de bonnes chaussures sans lesquelles on ne m'aurait pas laissée monter, vêtue de mon fidèle "nain de jardin" et armée de mon meilleur appareil photo.

Tout d'abord, l'endroit est clair et les marches comme neuves. On se croirait dans un phare et j'aime cette sensation. Les baies ont été équipées de protection en PVC translucide. Cette partie, détruite pendant la guerre, a été refaite à neuf grâce au travail merveilleux du sculpteur Bortolozzi, un talent local qui résidait juste en face de la cathédrale dans une petite maison dont la cour s'ouvre encore sur la place Charles de Gaulle. On lui doit toute la magnifique restauration d'après-guerre, soit 4 années de travail qu'il a enchainées sur la reconstruction de l'hôtel de ville…

Fin de la première partie du voyage. Me voici parvenue sur la plateforme qui mène au clocheton de la façade et, par delà, à l'autre tour. J'hésite. Faut-il passer derrière les balustres ajourés ? Une discrète pancarte insérée dans une pochette en plastique indique "sens de la visite". Je contourne un mur avant de découvrir un autre escalier derrière une étroite ouverture. Le passage se rétrécit. Ici, les marches sont grises, usées, disjointes ; la montée de plus en plus raide...
Un sentiment bizarre m'envahit, une sorte d'angoisse m'étreint ! L'apparition de Quasimodo ne m'étonnerait pas plus que celle du fantôme d'Evanno dont la gargouille irrévérencieuse domine le cloître. Je monte, je tourne, comme dans une vis sans fin. Je ne sais pas où je suis exactement. L'instant d'une seconde, j'envisage de redescendre tant la sensation de solitude se fait oppressante.

Enfin des voix, de la lumière. J'émerge sur le toit où Alice achève une visite avec deux ou trois personnes. Tandis que sa maman que je ne reconnais pas tout de suite, observe les oiseaux avec ses jumelles.
La jeune guide passionnante et passionnée s'excuse, poursuit ses explications pour ces quelques touristes, avant de recommencer pour moi. Bientôt un couple de Toulois émerge sur la plateforme et se joint à nous.

17 heures...

Me voici à nouveau sur le parvis après un périple inoubliable de deux heures. Le soleil éclaire la façade flamboyante d'une belle lumière dorée.

oOo


À mi-chemin...


Le campanile à la boule d'or


La tour Sud derrière le clocheton. C'est de là que sonnent les heures. J'ai hélas oublié le nom des cloches de la cathédrale. Merci à qui peut me les rappeler ! Les énormes et antiques cloches se trouvent dans la tour Sud, et ne peuvent plus guère sonner au risque d'ébranler l'édifice. Il y a pourtant un espace de sécurité prévu entre le support des cloches et les parois de la tour !


Le pélican, animal emblématique cher aux Toulois. Seule statue de l'édifice qui, avec les gargouilles pour leur rôle utilitaire, fut préservée des saccages de la Révolution.
À ses pieds, un singe symbolisant "la femme" !


La campanile, vu d'encore plus haut, apparaissant entre les deux tours Est.
Au loin, le "pont stratégique" qui enjambe canal et Moselle et que j'aime bien…


Le clocheton, vu de plus haut : merveilleusement restauré après les dégâts de la tempête de 1999. Ceux qui ont pu voir le film de Gérard Howald ont pu apprécier la qualité du travail des ouvriers qui œuvraient là-haut ! Cette dorure là résistera mieux que celle du campanile.


La collégiale Saint Gengoult


Le vieux Toul, de l'autre côté de la rue Michâtel


La Place des 3 évêchés est en fait toujours appelée "Place Ronde". Elle n'existait pas en tant que telle avant la reconstruction. C'est le centre incontournable (si j'ose ainsi dire) de la ville, plutôt convivial avec son troquet à chaque "coin" et ce, malgré une architecture banale, identique à celle de toutes les villes reconstruites grâce au plan Marchal.


La Place de la République, avec ses féviers (Gleditsia triacanthos inermis : merci Bernard !) déjà bien jaunes.


Successivement :
Le vieux Toul vers l'hôpital Saint Charles.
Le seul bastion qui fut réalisé parmi tous ceux que Vauban avait dessinés sur ses plans.
Le canal de la Marne au Rhin et le port de France
La gare
Les pentes bien exposés du Saint Michel, autrefois couvertes de vignes


Les remparts et la "sortie des eaux"




.....


(9 juin 2009)

9 commentaires:

  1. Rien n'est perdu : tu iras la saison prochaine !

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  2. Mais peut-être pas tout seul, comme moi : c'était génial !

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  3. Coucou MamLéa !

    Article très sympathique !!! Pour le nom des cinq cloches dans la tour sud du portail, baptisées en 1961 sur le parvis de la cathédrale : Saint-Léon-IX (le bourdon qui pèse près de cinq tonnes et sonne un la grave), Saint-Étienne (ré), Saint-Mansuy (fa), Sainte-Jeanne-d'Arc (sol), Notre-Dame-au-Pied-d'Argent (la). Pour les plus petites, elles sonnent l'angélus (07h45 et 19h45), le midi (12h05) ainsi que l'office dans la chapelle Saint-Jean-des-Fonds du lundi au jeudi (17h45).

    Dans le clocheton central, entre les deux tours sud et nord, est placée la cloche la plus ancienne de Toul : 1536. Elle ne s'est pas cassée dans sa chute au moment de la tempête de décembre 1999 et elle sonne encore les heures, rythmant le quotidien des Toulois. Deux autres cloches, plus petites, du XIXe siècle, sonnent les quarts d'heures.

    Dans la tour nord du portail : les sirènes des pompiers...

    Carpinien.

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  4. Merci, Vincent ! J'espérais bien que passerais pas là et que tu entendrais mon appel...
    Ta réponse dépasses mes espérances, je n'avais pas mémorisé tout cela.

    Sait-on où elles ont été fondues ?
    (Insatiable, MamLéa !!!)

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  5. Très belle visite.. Quel passé cette bonne ville de Toul.

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  6. Beaucoup m'ont posé cette question, MamLéa, mais impossible pour moi de leur donner satisfaction ! En 1961, existait-il encore beaucoup de fondeurs de cloches en France ? Je ne peux t'apporter de réponses !!!

    Carpinien.

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  7. Il y en a 2 possibles et probables qui fonctionnent encore: Villedieu-les-poêles dans la Manche et Labergement-Sainte-Marie dans le Doubs.
    J'ai visité la première dans mon enfance et plus récemment, c'est passionnant !
    Mais il peut y en avoir d'autres !

    Il y a peut-être la signature du fondeur sur les cloches... si t'y vas, regarde et dis-moi !

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  8. le campanile à boule d'or de la deuxième photo avec ton cadrage si original est génial !!!
    j'adore

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