mercredi 31 mars 2010

Cité ouvrière

Un quadrillage de rues aux noms de fleurs (Tulipes et Violettes, Hortensias et Muguet, Lilas et Iris, glycines et bleuets) : c'est la cité saint Euchaire qui surplombe la Moselle. Façades noires orientées vers l'est, gris-beige vers l'ouest. Je me tourne facilement un film dans la tête avec pour personnages principaux "la Paola" et "le Venceslas" ; des gamins joueraient dans les ruelles animées. Le linge sècherait au dessus des carrés de salades et de haricots soigneusement entretenus. Et puis, il y aurait des chats et des chiens qui se tolèreraient peut-être mieux que les humains : la guerre entre les "polacs" et les "ritals" ne ferait que commencer ! Mais un jour de drame à l'usine, et tout le monde se serrerait les coudes : la solidarité ouvrière n'était pas alors un vain mot.








Aujourd'hui, l'aciérie de Pompey a été rasée et j'ai peine à imaginer qu'avant les bâtiments modernes et propres qui l'ont remplacée il y en avait d'autres couleur de rouille et couverts d'une poussière épaisse et grasse.
Il y a quelques années trop lointaines, je somnolais certains samedis dans le train qui me ramenait de Nancy vers chez moi, près de Metz, où des usines analogues illuminaient aussi le ciel à l'heure des "coulées". Le train ne ralentissait même pas lorsqu'il passait le long de l'usine où de longs convois de wagons "trémie" chargés de charbon attendaient d'alimenter les hauts fourneaux. Je trouvais ce paysage laid et sale tout autant que fascinant.
Qui habite maintenant cette cité ? Que sont devenus les "polacs" et les "ritals" qui rivalisaient entre eux pour acquérir en premier le frigo dernier cri ou un poste de télé en couleurs ?
Ils venaient siroter leur petit beaujolais tout en tapant le carton dans un troquet enfumé, tout en longueur, au fond duquel nous venions jouer au bowling avec mes camarades étudiants. L'unique piste y était plus accessible à nos bourses maigrichonnes que celles un peu snobs de Nancy ! Sur la place triangulaire juste après le pont sur la Moselle, le bar a disparu. Peut-être était-il là où il y a aujourd'hui un fleuriste ?
(Photos du 18 mars 2010)

1 commentaire:

  1. ben oui Mam'Léa, c'était cela le bon vieux temps des trente glorieuses.
    Du boulot pour tous et le reste.

    RépondreSupprimer

Dis-moi voir ?