jeudi 2 octobre 2008

Sur la voie désaffectée de Toul à Neuves-Maisons

Si qu'on disait qu'on allait jouer à la micheline (sans majuscule) sur la voie ferrée entre Villey le Sec et Maron ? Départ de Villey le Sec, près de l'ancienne gare, ex-maison du garde-barrière.
Il faisait chaud et beau, comme dans une contrepètrie belge (mais je n'ai rien contre les Belges, ni contre les Corses, ni…). En ce début d'automne, la chaleur était plus estivale qu'elle ne l'avait été de toute la soi-disant belle saison et j'allais bien vite regretter d'avoir mis ma veste polaire, m'étant fiée à tort au calendrier plutôt qu'au thermomètre ! Seule, une belle lumière d'automne et la discrète rousseur qui ondulait au sommet des arbres confirmait que septembre s'achevait bel et bien. La forêt s'étendait à perte de vue au-delà de la rivière.
Donc nous voici sur la voie prohibée, coincée entre la falaise et la Moselle canalisée, qui offre une super possibilité de balade sans se fatiguer puisque par définition, le trajet est à plat. Quoi que, marcher sur des traverses à l'espacement irrégulier n'est pas vraiment de tout repos, et le soir, mes mollets étaient un peu raides.
On s'était attendu à croiser quelque reptile dangereux, hôte habituel du ballast, mais nous n'avons rencontré qu'un inoffensif orvet et un lézard pas si timide que ça ! Le bâton de randonneur que j'avais emporté pour un éventuel combat digne de Saint Michel se révéla donc inutile.

Ambiance un peu science fiction… mais le train ne siffla pas trois fois, Gabin ne fit pas fumer la loco à charbon de Germinal et Trintignant ne sortit pas du tunnel de Malvil ! Pourtant, la fuite lourde d'une bête sauvage dans la forêt au-dessus de nos têtes nous fit sursauter… probablement un sanglier effrayé en ce jour d'ouverture de la chasse ! Le squelette impeccablement nettoyé d'un chevreuil qui avait dû tomber par-dessus le mur de soutènement faisait évoquer quelque désert torride !
Plus très loin de Maron, la vallée commençait à s'ouvrir et l'horizon à s'élargir. Les rives obscures peuplées d'aulnes et de saules noirs au contre-jour se reflétaient dans la Moselle imperturbable. Au loin on apercevait déjà la falaise d'escalade. Une petite barque à moteur remontait un pêcheur au terme de son équipée dominicale. Ha ! Je rêvais qu'il eut capturé l'esturgeon d'une certaine nouvelle…
Les tirs qu'on avait supposé être ceux de chasseurs inaugurant la saison se faisaient de plus en plus proches, mais leur régularité nous fit prendre conscience qu'on s'approchait du ball-trap, ce que confirma bientôt le crépitement des éclats de pigeons d'argile qui tombaient à nos pieds sur le remblai ! Nous fûmes contraints à un prompt demi-tour, mais j'avoue qu'impavide et inconsciente, j'aurais bien continué mon chemin.
Le trajet du retour offrait aux lieux que nous avions déjà traversés un éclairage à contre-jour qui leur donnait du relief. Je fis ma nième photo des rails rouillés, des traverses grises et rapportait un nième boulon souvenir !
Afin de prolonger quelque peu notre virée trop tôt interrompue nous fîmes le détour par la Sabotière, le relais équestre qui domine la vallée tel un poste de garde et où les chevaux dont les têtes sortent des boxes constituent de bien pacifiques sentinelles.
Bien sûr, le pigeon avait quitté le parapet bleu du barrage, et peut-être rejoint sa cachette mouvante sur la porte de l'écluse : celui-là n'était pas d'argile !

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