(Pour rebondir sur le blog de Dadu)
Une église baroque, telle un îlot, perdue au milieu de buildings : elle donne son nom à tout un quartier de la ville.
À droite : le building Joffre.
J'aime bien les reflets, on ne sait plus où est l'envers, où est l'endroit, le vrai, le faux !
Derrière l'ancien centre de tri, on aperçoit les nouveaux bâtiments le long de la gare, éléments du projet "Nancy grand coeur".
Il y avait au départ un seul gratte-ciel, une tour bleue détestée des Nancéens : le building Joffre, bien visible dans le paysage.
J'apprends en fouinant sur le net que c'est une œuvre de Prouvé, mais comme je ne m'y connais pas dans la généalogie de la famille, entre Jean, Claude, Henri…
Construite en 1963, cette tour est réalisée en terrain marécageux. Le Toarcien affleure ici, schisteux, marneux, bitumineux, merdique en fait ! Pour palier aux inconvénients du sous-sol, on a eu l'idée ingénieuse de construire le bâtiment sur une dalle flottante, soutenue par un pilier unique qui va chercher en profondeur une assise gréseuse plus solide !
Puis les vieux quartiers voisins furent rasés et d'un trou béant, tel le trou des halles à Paris, est sorti après bien des tergiversations, un centre commercial du nom de l'église qui patronne le quartier, avec son parking, du même nom.
Le centre est très populaire, avec les mêmes enseignes que dans tous les mêmes centres commerciaux de France et de Navarre ! Je n'ai pas trop entendu les nancéens dire que c'était moche, mais je n'irai pas cracher dans la soupe car il m'arrive (bien que de moins en moins souvent, je l'avoue) d'y faire quelques achats.
Puis les buildings ont poussé comme des champignons entre gare et lycée Cyfflé : CPAM, Palais des congrès, Trident… Après l'église Saint Sébastien, on a noyé la synagogue dans le même océan !
Le corps de sapeurs-pompiers du District Urbain s'installe en 1991 de l'autre côté du boulevard Joffre à côté du centre de tri, œuvre de Claude Prouvé datant de 1969, lequel sera conservé in extremis et prochainement réhabilité en un nouveau Palais des Congrès.
Est-ce ici Nancy-Manhattan, ce quartier dont rêvait l'ancien Maire, Marcel Martin, mais qu'il imaginait près de la gare, à la Place de L'Excel/Poirel, avec plusieurs tours (dont la tour "Thiers") reliées par des passerelles ?
Haussman n'a-t-il pas saccagé certains quartiers de Paris, avec la louable nécessité d'aérer la ville et d'y faciliter le transport urbain ? Faut-il pleurer sur ce que l'on détruit ou sur la laideur de ce que l'on construit ?
Je ne prendrai pas position ! J'aime assez l'architecture moderne et les "skyscrapers" du quartier de la Défense pour ne pas m'opposer à tout modernisme !
Hum, pour Haussmann je suis peut-être parano, mais je crois que ses travaux visaient surtout à faciliter le déploiement de la garde en cas d'émeute.
RépondreSupprimerLE CHARLOT
(un type qui pollue les commentaires chez Dadu Jones)
Merci pour ton passage et ton commentaire, le Charlot de chez Dadu !
RépondreSupprimerC'est vrai que des barricades, c'est plus dur à faire sur des avenues que dans des ruelles !
Je pense que la question "Faut-il pleurer sur ce que l'on détruit ou sur ce que l'on construit mérite réflexion"!
RépondreSupprimerEffectivement dans le cas de la Défense on a à faire à un urbanisme massif mais dans le respect dela ligne historique qui fait Paris et maintenant son agglomération. De fait le choc avec le coeur historique de Paris est moins violent voire cohérent avec certaines tours très esthétiques (et d'autres ratées ou qui vieillissent mal).
Le problème du Saint-Sébastien est plus complexe. On est plus dans le besoin d'assainir et de contrôler une ville comme sous Haussmann ni dans le besoin de croissance économique de Paris.
Cependant Nancy à cet époque connaissait une certaine croissance mais ce quartier aurait pu être conçu bien autrement.
A Nancy on a pas rasé des maisonnettes avec peu d'intérêt mais des hôtels particuliers du XVIIIème siècle qui donnaient toute sa cohérence au grand projet de Charles III et dont le raffinement (que l'on aperçoit encore rue des Ponts ou rue Saint-Nicolas) aurait mérité une restauration générale donnant un élan à un centre historique de très grande qualité.
La destruction est donc fort regrettable mais heureusement Nancy a préservé le reste de la ville historique et le met en valeur depuis les années 1980.
Ensuite sur ce qui est construit le probème est d'une part l'incohérence avec le bâti existant et d'autre part l'absence de défit architectural. En effet, quitte à faire du neuf à cet endroit autant faire de l'exceptionnel. Si le Saint-Seb n'est pas trop mal conçu en soi et si le tri postal vaut le détour, on est globalement dans une architecture insigniffiante et non innovante ni esthétique que l'on retrouve sans prestige partout dans le monde.
Bien sûr tout ceci n'engage que moi mais je pense qu'une restylisation des tours de ce quartier serait déjà une avancée car je le trouve vraiment laid alors même qu'il pourait avoir des atouts.
Maintenant c'est l'héritage des années 1970 et l'exemple à ne plus suivre. Le moderne oui mais pas n'importe où et avec de l'audace architecturale.
Des tours à Nancy? Si les besoins économiques s'en faisait ressentir pourquoi pas imaginer des tours Art Nouveau rappelant l'identité nancéienne. Bien sûr avec les moyens d'aujourd'hui et en jouant du verre ou de l'acier mais je pense que l'audace jumelé à l'identité locale gagnerait plus que de pondre des anticomplexes simulant la "grande ville".
Nancy a un héritage digne des plus belles cités et c'est avec conscience, connaissance et réflexion qu'elle doit se construire demain et se réinventer en jouant sa propre identité.
J'espère que le projet Grand Coeur pourra ainsi réparer ce qui est réparable et reprendre certains immeubles en plus de la trame urbaine. Le réaménagement de la Place Thiers, la ligne 2 et le Palais des Congrès donneront le LA. Tout en espérant une vrai reprise de ce quartier il y aura au moins une dynamique engendrée pour optimiser un coeur de ville plus que bien situé!