La maison de maître de la cristallerie de Sèvres… aujourd'hui abandonnée. La maison me parle !
En fermant les yeux, j'imagine une famille riche, heureuse. Des petites filles en robes à volants ornées de cols de dentelle blanche, rubans de satin dans les cheveux bouclés, des petits garçons en costume de velours, culotte courte et veston croisé, grandes chaussettes blanches, jouant à Colin-maillard ou au cerceau dans un jardin parfaitement entretenu. Sur le perron, des dames à la taille de guêpe discutent en s'éventant nerveusement tandis que les messieurs, costume sombre en alpaga et chapeau melon, discutent des affaires. Marie apporte le thé sur un grand plateau qu'elle pose sur une table en marqueterie de Louis Majorelle, installée sous la véranda. Vaisselle en porcelaine fine, petits fours et bonbons de Nancy. Dans une allée, le jardinier chaussé de sabots de bois, coiffé d'un grand chapeau de paille, pousse une brouette dans laquelle il transporte un arrosoir et divers outils. Par la porte ouverte des communs, on devine la concierge, épouse du jardinier, vêtue d'un grand tablier gris qui s'active sur la vieille pierre à eau. L'usine tout à côté ronfle doucement. Il fait beau et l'air est doux. Le jardin embaume de lilas.
On ignore encore que la guerre éclatera en plein cœur de l'été, et qu'après, rien ne sera plus comme avant.
Touchant.
RépondreSupprimerÇa rappelle certains passages et certaines ambiance de "Quatre soldats" de Jean Vautrin, quand -je ne sais plus quel personnage- se remémore en plein enfer de tranchées son adolescence heureuse et insouciante dans "la grande maison".